Etape 4 - Marrakech - Marrakech - Les trésors de la Medersa Ben Youssef
Mardi 12 juillet 2016. Pour atteindre la Medersa Ben Youssef*** et la Koubba Almoravide***, il me faut traverser les souks et la médina dans toute leur longueur. J'y reviendrai. Par je ne sais quel miracle, à force de regarder les coins de rues, les panneaux minuscules, les inscriptions et de demander ma direction aux marchands des souks, je finis par trouver mon chemin à travers ce dédale indescriptible. Je rejoins un quartier ancien où les maisons au teint rosé s'agencent comme dans un véritable labyrinthe. Très vite, je comprends mieux la devise de tous les voyageurs, la meilleure façon de visiter, c'est de se perdre. Ici, impossible de faire autrement !


Au bout d'une bonne petite heure, me voici donc devant les portes de la Médersa Ben Youssef***, autrement dit la plus célèbre école coranique de tout Marrakech. Elle a été édifiée en 1570 par la dynastie saadienne. Un peu d'histoire pour comprendre. Cette dynastie prend la succession des Wattassides, une dynastie zénète qui supplante les Ménirides, lesquels avaient succédé eux-mêmes aux Almoravides. Tout est clair jusqu'ici ? Ok, je continue. Les Wattassides ayant perdu définitivement l'Andalousie en 1492, les Saadiens, famille originaire d'Arabie, s'emparent du pouvoir et mène une véritable guerre sainte contre l'envahisseur catholique espagnol et portugais qui vient d'implanter ses comptoirs commerciaux sur la côte marocaine. En 1578, les Saadiens portent le coup de grâce à la bataille d'Alcaçar-Quivir en battant les Portugais, puis mènent une politique expansionniste en direction du sud. Ils prennent ainsi Tombouctou en 1591 et provoquent le déclin de l'empire songhaï du Mali. Une armada de 4.000 canons montés sur dromadaires fait ses preuves. Les Saadiens s'emparent des mines de sel du Sahara central et touchent le pactole. L'or produit aux mines de Bambouk et Bouré remonte vers le nord. Sans compter les esclaves... Cet âge d'or ne durera pas, et après le règne de Mohammed XII (1654), la dynastie disparaît au profit des Alaouites qui règnent encore de nos jours sur le Maroc.

Tout ça pour dire que les Saadiens, en créant le médersa Ben Youssef***, firent de Marrakech un véritable phare culturel dans tout le Maghreb. L'école coranique pouvait accueillir jusqu'à 300 élèves, entassés dans une centaine de cellules. Ce sont celles-ci qu'on peut visiter au premier étage de la médersa, au-dessus de la cour et du bassin principal. D'étroits couloirs mènent à chacune d'elles, ajourés par des puits de lumière et de petits patios aux poutres sculptées. En plus, la médersa possédait une des plus riches bibliothèque d'Afrique du Nord.

La médersa Ben Youssef*** reste un des plus beaux exemples de l'architecture arabo-andalouse. Les volumes sont simples, précieux et raffinés. Tout repose sur la justesse des proportions, l'harmonie entre les surfaces et les décors. Sols, plafonds, arcs, jeux de lumière, l'équilibre est parfait.

Jusque dans cette cour centrale et son bassin, entourée de colonnes courtes, de soubassements carrelés en mosaïque de zelliges, de linteaux de cèdres et de stucs très ouvragés au-dessus.

La salle de prière*** avec ses colonnes de marbre supportant des chapiteaux décorés et surmontés de murs de stucs. Au fond enfin, le mihrab avec sa belle arche finement décorée.


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